Y a-t-il d’autres solutions que les appareils auditifs?

Par Thomas Baril, le 3 Jan 2024

Les appareils auditifs représentent, pour la très grande majorité des personnes vivant avec une déficience auditive, la meilleure solution pour reconnecter avec le monde sonore. Mais, parfois, lorsque la surdité est trop importante ou qu’une condition particulière empêche l’utilisation de prothèses auditives, il arrive que les appareils auditifs ne soient pas ou ne soient plus la meilleure solution.

Les systèmes cros et bi-cros

Lorsqu’une personne a une oreille dite « morte » (aussi appelée cophose ou anacousie) ou encore une audition fonctionnelle, mais trop mauvaise pour qu’un appareil auditif soit efficace, les systèmes CROS et BI-CROS peuvent être utilisés.

Visuellement, le dispositif est identique à 2 appareils auditifs. La différence réside dans leur fonctionnement.

En effet, au lieu d’amplifier le son capté et de l’envoyer à l’oreille du patient, le son capté du côté de l’oreille « morte » sera transféré dans l’oreille fonctionnelle.

 

Différence entre le système CROS et BI-CROS

 

Le système CROS est utile pour la personne dont l’une des deux oreilles est fonctionnelle alors que l’autre est non appareillable.

 

 

Le système BI-CROS est utile pour la personne ayant une perte auditive non appareillable d’un côté ET une perte auditive qui peut être appareillée de l’autre côté6.

 

Grâce à ces 2 systèmes, le porteur pourra entendre ce qui se passe du côté sourd dans sa meilleure oreille. Certes, cela peut sembler déroutant d’entendre les sons d’un côté dans l’autre oreille, mais ce processus permet de réduire significativement les incapacités et les difficultés auditives de la personne appareillée.

 

Non seulement pourra-t-elle maintenant entendre et comprendre ceux qui lui parle du côté de l’oreille «sourde», mais le système CROS ou BI-CROS lui permettra d’augmenter son autonomie et sa sécurité.

L’un et l’autre de ces systèmes peuvent parfois être remboursés par un organisme payeur :

  • Régie d’assurance maladie du Québec (RAMQ)
  • Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST)
  • Anciens Combattants Canada (ACC)
  • Etc.

 

Le seul moyen de savoir si vous êtes éligible à un remboursement est de passer un test d’audition avec un audiologiste.

 

Vous désirez acheter, ou faire ajuster un système CROS OU BI-CROS?

Implant à ancrage osseux

Les gens ayant une perte auditive conductive (perte liée à l’oreille moyenne ou à l’oreille externe) et qui ne peuvent pas porter de prothèses auditives ont la possibilité de recourir aux implants à ancrage osseux.

Voici quelques raisons d’obtenir un implant à ancrage osseux :

  • Infections à répétitions
  • Malformation particulière aux oreilles
  • Problématique non opérable à la chaîne ossiculaire
  • Etc.

 

En général, comme l’implant à ancrage osseux doit être incorporé à l’os temporal du crâne avec un ancrage en titane, une opération est nécessaire. Toutefois, il s’agit d’une opération de courte durée (d’un jour).

 

À la suite de l’ostéo-intégration du petit pilier (la vis de titane et l’os sont fusionnés), il est possible d’y apposer un appareil électronique qui captera les sons environnants et les transmettra au crâne par vibration. Ces vibrations seront, quant à elles, captées par la cochlée. Ainsi, la personne malentendante sera en mesure d’entendre malgré ses problèmes relatifs à l’oreille moyenne.

 

Fait intéressant : Le monde de l’implant à ancrage a vu naître ces dernières années un nouveau type d’implant. Il fonctionne comme mentionné précédemment, mais il a l’avantage de tenir grâce à un aimant implanté sous la peau. On évite ainsi d’avoir à poser un ancrage sur le crâne.

 

L’opération vous inquiète? Sachez qu’il est possible de porter un système auditif à conduction osseuse (implant à ancrage osseux) sans avoir recours à la chirurgie. En effet, pour ceux qui le préfèrent, il est possible d’utiliser un bandeau ou un serre-tête spécialement conçu pour garder la composante électronique bien placée sur la tête et ainsi éviter la chirurgie9.

 

Ce type de support est souvent utilisé chez les jeunes enfants et les bébés qui ne sont pas encore prêts à subir l’opération nécessaire pour ancrer le support en titane. Il est cependant important de mentionner que les bandeaux peuvent offrir de moins bons résultats que les ancrages nécessitant une opération, puisque les vibrations sont atténuées par le bandeau et la peau et produisent, par le fait même, un son de moins bonne qualité9.

Implant cochléaire

Lorsque l’une des 2 oreilles est gravement atteinte, que la perte d’audition est de source neurosensorielle (c’est la cochlée qui est problématique) et que les résultats obtenus avec les appareils auditifs ne sont plus suffisants ou même complètement inefficaces, la solution envisageable est l’implant cochléaire.

 

L’implant cochléaire est un système qui permet d’entendre en outrepassant la cochlée. À première vue, c’est un dispositif très semblable à la prothèse auditive traditionnelle, il est porté, lui aussi, sur l’oreille de la personne ayant un problème auditif. Toutefois, le dispositif en lui-même et son fonctionnement sont très différents d’une prothèse auditive.

Fonctionnement de l’implant cochléaire

L’implant cochléaire capte le son environnant et le traite. À la différence de la prothèse auditive traditionnelle, plutôt que d’envoyer le son traité et amplifié dans l’oreille de la personne, le son est transmis par un fil électrique à une petite antenne ronde apposée sur le côté de la tête grâce à un aimant.

 

Cette antenne transmet l’information sonore à la partie interne de l’implant cochléaire. Cette partie interne, elle, est insérée dans l’oreille lors d’une opération chirurgicale nécessitant une anesthésie. Elle est munie d’un récepteur, qui permet d’obtenir l’information de l’antenne située à l’extérieur. L’information récoltée parcourra ensuite un petit fil électrique qui se rend jusqu’à la dernière partie de l’implant; les électrodes. Les électrodes, quant à elles, sont disposées à l’intérieur même de la cochlée afin de la remplacer. Ils envoient l’information récoltée directement au nerf auditif. Le son suivra, par la suite, son cours normal le long du nerf auditif jusqu’au cerveau où l’information sonore sera traitée.

Suis-je un bon candidat pour l’implant cochléaire?

Les implants cochléaires ne sont pas adaptés à tout le monde. Chaque candidature doit être approuvée par le Centre québécois d’expertise en implant cochléaire.

 

PLUSIEURS SPÉCIALISTES DOIVENT D’ABORD ÊTRE RENCONTRÉS AVANT QU’UNE CANDIDATURE SOIT ACCEPTÉE :

  • Un ORL pour examiner le côté médical
  • Un audiologiste pour s’assurer de la motivation de la personne ainsi que pour analyser les capacités auditives du patient
  • Un psychologue afin d’évaluer la motivation de la personne, sa capacité d’adaptation, ses attentes, le soutien social dont la personne dispose, etc.

 

POURQUOI UN PROCESSUS AUSSI COMPLEXE?

Notamment parce que la chirurgie subie est irréversible. Une fois que l’implant est en place, on ne peut revenir en arrière puisque l’installation des électrodes dans la cochlée brise le cheminement traditionnel du son. Ainsi, à partir du moment où une personne possède un implant, elle ne peut entendre qu’avec lui.

 

BIEN QUE LA GUÉRISON SE FAIT RELATIVEMENT RAPIDEMENT PUISQU’IL S’AGIT D’UNE CHIRURGIE LOCALE, IL EST À NOTER QUE LE PROCESSUS COMPLET DE A À Z EST ASSEZ LONG :

  1. Chirurgie d’un jour
  2. Convalescence de 2 semaines à la maison,
  3. Programmation initiale de l’implant s’étalant sur 2 à 3 jours
  4. Séances de réadaptation fonctionnelle pendant 8 à 10 semaines

Ce temps de réadaptation peut vous sembler long, mais il est nécessaire. En effet, le son entendu par l’entremise de l’implant est très différent de celui entendu avant. Il est donc important que la personne se familiarise avec ce nouveau monde sonore.

 

À première vue, ça peut sembler effrayant, mais il n’en reste pas moins que l’implant cochléaire est un bijou technologique qui a permis à de nombreuses personnes de retrouver une certaine capacité auditive qu’ils n’auraient pu retrouver autrement.

 

Ce retour dans le monde sonore offre généralement aux gens une plus grande autonomie et une meilleure qualité de vie. D’ailleurs, la technologie évolue rapidement! Il existe maintenant des implants cochléaires tout-en-un, sans partie sur l’oreille, que l’on peut connecter avec le Bluetooth et qui sont même rechargeables! Toutefois, les coûts de ces modèles ne sont pas encore payés par la RAMQ.

Faits notables : Tous les frais liés à la l’installation, au système en lui-même
et à la réadaptation sont payés par le gouvernement1.

 

Il n’y a pas de limite d’âge pour la pose d’un implant cochléaire (sauf certains cas précis). Autant les jeunes enfants de 1 an que les adultes de 75 ans peuvent bénéficier de ce précieux système. Depuis quelques années, l’implantation binaurale (aux deux oreilles) est de plus en plus fréquente.

Afin d’en apprendre davantage, vous pouvez visiter le site de l’Association des implantés cochléaires du Québec qui regroupe plusieurs témoignages et qui offre du soutien aux personnes pendant ou après leur processus d’implantation.

Implants auditifs du tronc cérébral

C’est en 2006 qu’une première personne a pu bénéficier d’un implant du tronc cérébral au Québec3. C’est donc une technologie somme toute assez récente.

Le fonctionnement de l’implant du tronc cérébral est semblable à celui d’un implant cochléaire. Ce qui les différencie, c’est que l’information électrique de l’implant du tronc cérébral est envoyée directement au cortex cérébral plutôt qu’au nerf auditif.

Cette solution a été mise sur pied pour les gens qui ont une perte dite rétrocochléaire, soit une perte auditive liée à un problème situé au-delà de la cochlée. Généralement, cette perte d’audition est causée par un problème en lien avec les nerfs auditifs. Ainsi, en se connectant directement sur le tronc cérébral, on contourne le problème.

Les bénéfices engendrés par l’implant varient en fonction de plusieurs facteurs, notamment la cause de la perte auditive. Alors que dans certains cas l’implant permet de redonner une sensation auditive comme celles de reconnaître des alarmes et parfois des mots courants3 il peut aussi dans d’autres cas, offrir des avantages semblables à ceux d’un implant cochléaire4.

Pour le moment, les implants auditifs du tronc cérébral ne sont offerts qu’aux adultes. Une évaluation de l’ORL est nécessaire pour savoir si la personne est un bon candidat à ce type de solution.

En conclusion sur les solutions alternatives aux appareils auditifs

Comme vous pouvez le constater, plusieurs options sont disponibles pour aider une personne ayant un trouble de l’audition à récupérer une certaine capacité auditive. En général, les personnes ayant fait le choix de l’une ou l’autre de ces solutions gagnent en autonomie et en bien-être personnel.


La première étape
 afin de savoir quel système vous convient ou si les prothèses sont encore une solution viable pour vous est de passer un test d’audition.

 

Vous pouvez prendre rendez-vous avec nous par téléphone au 418 702-1721 ou encore directement via notre site Internet.

Des questions à propos de votre audition?

 

Contactez-nous!

Références

1. CHU de Québec, université LAVAL. Évaluation pour un implant cochléaire https://www.chudequebec.ca/patient/maladies,-soins-et-services/traitements-et-examens/examens/evaluation-pour-un-implant-cochleaire.aspx Consulté le 19 avril 2021.
2. Claire Moussel. « L’implant du tronc cérébral ». ENTENDRE- La revue de l’association du Québec pour enfants avec problèmes auditif, vol. 217, Mai 2017, https://aqepa.org/wp-content/uploads/2017/06/Revue-217-WEB-corrig%C3%A9e.pdf p. 10. Consulté le 20 avril 2021.
3. ICI.Radio-Canada.ca, Zone Aucun thème sélectionné-. « Première québécoise ». Radio-Canada.ca https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/331524/implant-auditif-premiere Consulté le 26 avril 2021.
4. « Implant Auditif Du Tronc Cérébral : Indications et Résultats ». Annales d’Otolaryngologie et de Chirurgie Cervico-Faciale, vol. 124, no 3, juillet 2007, p. 148‑54. www.sciencedirect.com doi:10.1016/j.aorl.2006.10.005. Consulté le 26 avril 2021.
5. Implants auditifs | Système Cochlear Baha Attract | Cochlear Belgique. https://www.cochlear.com/fr_be/home/discover/baha-bone-conduction-implants/baha-attract-system Consulté le 26 avril 2021.
6. Jeff , Jeff Crukley, et Goyette Adriana. Considérations élémentaires et avancées relatives aux appareillages CROS et BiCROS : réglage du streaming et conseils. StarkeyFrance, 2016, https://www.starkeyfrancepro.com/pdfs/ArticleScientifiqueCros-BiCros.pdf Consulté le 26 avril 2021.
7. Les aides de correction auditive à ancrage osseux. Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (AETMIS). Les aides de correction auditive à ancrage osseux. Rapport préparé par François Bergeron (AETMIS 06-05). Montréal : AETMIS, 2006, xi-37 p., Mai 2006. http://www.santecom.qc.ca/Bibliothequevirtuelle/santecom/35567000069879.pdf Consulté le 26 avril 2021.
8. S. Tringal, et al. Prothèses auditives amplificatrices par voie non aérienne. 2012 20-185-C-20 https://www.researchgate.net/publication/272622267_Protheses_amplificatrices_par_voies_non_aerienne Consulté le 2 avril 2021.
9. Tout savoir sur l’audition par ancrage osseux | Oticon Medical. https://www.oticonmedical.com/ca-fr/bone-conduction/new-to-bone-conduction/what-you-need-to-know-about-bone-anchored-hearing Consulté le 26 avril 2021.

Veuillez toutefois noter que ces renseignements sont donnés à des fins purement informatives et que seule une évaluation complète par un otorhinolaryngoliste (ORL) et/ou un audiologiste pourra vous orienter vers la meilleure solution pour vous.

Thomas Baril

Thomas vient de graduer en technique d’audioprothèse du Cégep La Pocatière.

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